La "tête de l'année", le nouvel an juif.
Illustration par Sefira Lightstone
C’est l’anniversaire de l’Univers, le jour où D.ieu créa Adam et Ève, et il est célébré en tant que tête (début) de l’année juive.
Le nom du Nouvel An juif, « Roch Hachana », signifie en réalité « Tête de l’année ». Tout comme la tête contrôle le corps, nos actions à Roch Hachana ont une immense influence sur le reste de l’année.
Comme nous le lisons dans les prières de Roch Hachana, chaque année en ce jour « tous les habitants du monde passent devant D.ieu comme un troupeau de brebis », et il est décrété dans la cour céleste « qui vivra et qui mourra… qui sera appauvri et qui s’enrichira ; qui tombera et qui s’élèvera. »
C’est un jour de prière, un temps pour demander au Tout-Puissant de nous accorder une année de paix, de prospérité et de bénédiction. Mais c’est aussi un jour de joie lors duquel nous proclamons D.ieu Roi de l’univers. Les kabbalistes enseignent que la continuité de l’existence de l’univers dépend du désir de D.ieu qu’il y ait un monde, un désir qui est renouvelé au moment où nous acceptons à nouveau Sa royauté chaque année à Roch Hachana.
À Roch Hachana, les Juifs du monde entier affluent vers leurs synagogues et implorent le Tout-Puissant de leur accorder à eux, à leurs familles et à tout Israël, une année paisible, heureuse et prospère. Selon la tradition juive, à Roch Hachana, chaque créature passe devant le Juge Céleste. Il détermine qui vivra et qui ne vivra pas, qui sera prospère et en bonne santé et qui ne le sera pas. Tout ce qui se passera dans l’année à venir est décidé à Roch Hachana.
Pourquoi tout est-il déterminé sur une base annuelle ? Un D.ieu éternel et infini ne peut-il pas planifier un peu plus à l’avance ? Ne serait-il pas plus économe en temps et en énergie de juger par tranches de cent ans ou de mille ans ?
Pourquoi tout est-il déterminé sur une base annuelle ? Un D.ieu éternel et infini ne peut-il pas planifier un peu plus à l’avance ?
Roch Hachana commémore le sixième jour de la création, le jour où D.ieu façonna Adam et Ève et insuffla dans leurs narines un souffle de vie. Une explication de la dynamique de la création permettra de comprendre le sens de Roch Hachana.
Certaines choses sont tenues pour acquises. Par exemple, lorsque nous ouvrons un robinet, nous nous attendons à ce que l’eau sorte du robinet. Dans la plupart des foyers, un enfant qui ouvre le réfrigérateur s’attend à y trouver de la nourriture. En vérité, cependant, ni l’eau ni la nourriture n’apparaissent d’elles-mêmes. Il y a une entreprise qui entretient les canalisations d’eau et les châteaux d’eau pour que l’eau parviennent jusque dans les maisons, et les parents investissent une énergie incroyable pour remplir le réfrigérateur.
La même chose est vraie de la création. Il semble que le monde existe de lui-même. Nous nous attendons à ce que ce qui existait il y a un instant continue d’exister un instant plus tard. En réalité, cependant, le Créateur maintient le cosmos en existence de manière continue. En l’absence du flux constant d’énergie divine, tout cesserait d’exister, tout comme l’eau du robinet cesserait de couler si la compagnie des eaux venait à couler.
Et de temps en temps, ou une fois par an pour être plus précis, D.ieu se désintéresse de Son passe-temps de création. Nous avons été créés parce que D.ieu désirait être un roi bienfaisant et, en conséquence, nous, Ses sujets, sommes apparus : des créatures sur lesquelles D.ieu pouvait diriger Sa capacité infinie de bonté qui, autrement, serait demeurée inutilisée. Toutefois, chaque année au début de Roch Hachana, D.ieu perd tout intérêt, pour ainsi dire, dans Ses sujets limités et imparfaits. Il se retire, devient introverti, et nous devons Lui fournir une incitation à continuer de créer pendant une année supplémentaire.
Ceci n’est pas dû au fait qu’Il aurait une capacité d’attention réduite et qu’Il perdrait l’intérêt des projets avant que ceux-ci ne soient achevés. Ce phénomène fait plutôt partie intégrante de Son plan.
Lorsque D.ieu a créé ce monde à l’origine, il n’y avait rien qui ait suscité ce grand geste. Il n’y avait encore personne pour susciter quoi que ce soit. Ce fut un acte de pure bonté. Mais en définitive, la « pure bonté » n’est pas si bonne que cela. Elle laisse son bénéficiaire se sentir indigne d’une bienfaisance imméritée. C’est pourquoi D.ieu a créé un monde dans lequel tout, même notre existence elle-même, est légitimement mérité. Si le monde continue d’exister pendant une autre année, ce sera parce que nous avons stimulé le désir de D.ieu de continuer sur sa lancée.
La « pure bonté » n’est pas si bonne que cela. Elle laisse son bénéficiaire se sentir indigne
Ainsi, à Roch Hachana, l’anniversaire de notre création, c’est à nous de faire en sorte que tout continue.
Nous allons à la synagogue et proclamons : « Règne sur le monde entier dans Ta gloire. » Nous « rappelons » à D.ieu son amour pour Son peuple élu, nous l’acceptons de nouveau comme notre Roi absolu et nous exprimons notre désir le plus profond de Le servir pendant une nouvelle année. Nous Lui « rappelons » l’enthousiasme qui était le Sien lors de la création du monde il y a près de 6000 ans.
Et quand les mots nous manquent, en raison de leur incapacité inhérente à communiquer les sentiments les plus profonds du cœur, nous prenons un Choffar, un médium dont les simples notes sanglotantes transmettent le cri et la requête qui émane du fond de notre âme : « Père ! Roi ! Nous avons besoin Toi et nous T’aimons, et nous savons que ces sentiments sont réciproques ! »
Ce Roch Hachana, alors que nous nous rassemblons dans les synagogues, gardons à l’esprit que ce qui est en jeu dans l’année à venir est plus que notre bien-être personnel. Toute la création compte sur nous. Engageons nous de tout cœur envers D.ieu, et il nous rendra certainement la pareille en s’engageant à nous accorder à tous une année belle et pleine de sens.
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